La petite fille qui avait un rêve de bonheur

La petite fille qui avait un rêve de bonheur

Voici le conte de « la petite fille qui avait un rêve de bonheur » de Jacques Salomé. Il nous invite à nous reconnecter avec notre vision du bonheur innocente et pure qui est toujours là en nous.

 

« Il était une fois une petite fille qui avait un rêve de bonheur.

Il y a comme cela de par le monde des petites filles douées pour le bonheur. D’abord, elle était née un soir d’été, alors que dans le ciel éclataient les premiers feux d’artifice de la fête de la Liberté. Par la suite, sa peau se gorgeait de soleil dès qu’apparaissaient les premiers rayons et ces couleurs de miel ou de pain bis dont elle se revêtait la rendaient éclatante de joie. Par la suite son visage s’illumina avec une belle rangée de dents dites « de la chance » et chacun s’amusait de ses fossettes rieuses. Oui, elle était très attirée par le bonheur.
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Mais autour d’elle, on lui disait, on lui montrait comment il fallait souffrir, travailler ou se sacrifier avant de goûter aubonheur. On lui avait même laissé croire qu’il valait mieux inscrire dans son corps quelques marques ou cicatrices révélatrices de sacrifices notoires, pour mériter plus tard un peu de bonheur.
Comme elle n’avait aucun goût ni pour les souffrances, ni pour les sacrifices, et qu’elle aimait rire dans le soleil, s’amuser, se réchauffer auprès d’amis, elle se trouva vite en conflit et rapidement elle préféra renoncer à son rêve de bonheur, n’y  plus penser plutôt que de le détériorer ainsi. Elle le cacha au fond d’une malle. Très vite, le rêve perdit de son éclat et de sa vivacité, puis elle l’oublia.
La petite fille, devenue grande, poursuivit des études, se maria et eut beaucoup d’enfants… tout ce qu’il faut pour que comme dans les contes, on puisse accéder au bonheur.
Nulle ombre de bonheur ne vint effleurer sa vie. Elle vécut ainsi, avec économie dans la persévérance, la peine, les obligations et les devoirs. Peu à peu son sourire lui même se figea sur son visage. Il lui arriva même de rabrouer ceux ou celles qui se permettaient de rire un peu trop bruyamment. Chaque jour elle s’efforça de tenir convenablement le rôle qu’on lui avait appris.
Pour cela, elle veillait à ce que chacun, autour d’elle, reçoive son comptant de bonheur. Cela, c’était permis et même recommandé, mais pas plus ! Quelques fois, cependant, elle percevait qu’en elle vibrait des désirs argentés, elle vivait des tiraillements, des petits pincements au cœur, mais elle ne connaissait pas d’autres façons de faire.
Un jour, alors qu’elle était devenue vieille, que ses enfants étaient partis, qu’elle pensait avoir accompli sa tâche, son rêve d’enfant lui toucha doucement le front.
Elle retrouva le coffre où elle avait enfoui son rêve de bonheur, le retourna en tous sens. Elle en sortit les vieilles souffrances accumulées, les rancœurs, les abnégations, les interdictions, quelques travaux, mis de côté pour les jours où elle manquerait d’ouvrage.
Elle retrouva même les recommandations… Les conseils de ses vieux maîtres en éducation qui lui avaient enseigné tout ce qu’elle devait retenir et modifier dans son attitude pour parvenir à vivre des relations harmonieuses.
Elle écarta tout cela, d’abord avec lenteur, puis rejeta le tout. Cela lui coûtait beaucoup de se séparer de ces vieilles choses, mais elle avait besoin d’aérer sa vie.
Tout au fond du coffre, bien à plat, bien rangé, elle vit son rêve de bonheur, toujours aussi soyeux et joyeux. Il n’avait pas pris une ride, peut-être même lui apparut-il plus beau encore.
Elle s’en saisit et le serra très fort sur son cœur, elle sentit que tout au fond d’elle, elle ne l’avait pas quitté mais qu’il lui avait terriblement manqué. Elle décida de ne plus s’en séparer.
Elle a aujourd’hui libéré ses éclats de rire. Elle sait accepter, avec chaque fois le même émerveillement, les plaisirs qui sont bons pour elle. Elle sait aussi s’éloigner des contraintes qui lui rappellent les efforts d’antan. Elle redécouvre précieux son besoin de bonheur, de cadeaux colorés à recevoir, à entretenir.
Ceux qui l’approchent la perçoivent chaleureuse, rayonnante, authentique. Certains s’en éloignent, sceptiques, mais d’autres se mettent à leur tour à rêver de bonheur.
Aujourd’hui, elle ne propose plus de recette, elle invite chacun à retrouver en lui-même ce très vieux rêve enfoui. »

Sources : http://www.en-route-vers-soi.fr/

« Contes à guérir, contes à grandir » de Jacques Salomé

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